Les territoires sont marqués par plusieurs types de patrimoines : historique, architectural, naturel, industriel mais aussi immatériel. Ce sont avant tout les habitants qui font ce qu’un territoire était, est et sera. Dès lors, transmettre ce qui est ancré dans la mémoire collective est un enjeu crucial.
Toutefois, les monuments commémoratifs et autres marqueurs tangibles du devoir de mémoire ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Ils sont l’incarnation d’une myriade de récits où la grande et la petite histoire se mêlent. Or, c’est précisément au contact du vécu des habitants d’hier et d’aujourd’hui que le visiteur peut le mieux se rapprocher de la vérité d’un territoire et en cerner l’identité. Son expérience de visite n’en sera que plus authentique.
Le patrimoine intangible a ceci de particulier qu’il est à la fois bien ancré dans la mémoire des témoins mais inaccessible à ceux qui n’y participent pas. Impossible de le réduire à un texte explicatif, il se communique par l’expérience, le témoignage, la visualisation. Il s’agit donc de révéler et incarner un patrimoine intangible afin qu’il ne disparaisse pas avec les personnes qui le portent.
Réaliser des expériences qui incarnent cette mémoire collective, c’est ce que Timescope a fait grâce au sentiment de présence véhiculé par la réalité virtuelle et les technologies immersives : valoriser le patrimoine minier qui structure l’identité de l’agglomération lensoise ; jeter la lumière sur l’histoire douloureuse du Havre ; exhumer les récits de Résistants à Périgueux ; célébrer et transmettre le savoir-faire des artisans du chantier de Notre-Dame de Paris…
Certes ces expériences immersives sont porteuses d’émotions. Mais à la différence de fictions, elles partent de l’Histoire pour raconter une vérité sans romantisme. Par exemple, l’expérience Timescope au monument des Fraternisations commémorant la trêve de Noël en 1915 (mise en film dans Joyeux Noël de Christian Carion) montre que c’est parce que les tranchées se remplissaient d’eau de pluie que les soldats allemands et français ont échangé un moment de paix. Le visiteur, plongé dans la terrible réalité des tranchées inondées, ne peut que ressentir ce qui a poussé les soldats à fraterniser.
Ainsi, en transmettant et valorisant ce qui est encapsulé dans la mémoire collective, on réconcilie une population avec son passé, on crée une identité commune vectrice de cohésion sociale et on dépasse certains clichés qui creusent un fossé entre habitants et visiteurs.