Les axes de circulation structurent les territoires. Ceux-ci sont un levier stratégique d'accessibilité pour les destinations. Or, au sortir de l’ère du tout automobile, les investissements ne se concentrent plus uniquement sur les réseaux autoroutiers mais sur les véloroutes, les axes fluviaux, les sentiers pédestres ou autres voies destinées aux mobilités douces. Les collectivités ont ainsi pour mission l’aménagement de ces itinéraires, indicateurs de leur modernité et de leur adaptation aux usages contemporains. En effet, ce type de mobilité n’est plus seulement l’apanage des sportifs de haut niveau. Au contraire, il est bien adopté par nombre de visiteurs et locaux soucieux de se déplacer plus agréablement, écologiquement et librement.
Cette tendance s’inscrit dans celle du slow tourisme, dont la crise sanitaire a encore entériné la pertinence. Le tourisme de masse montre ses limites, à la fois en termes de modèle économique, de qualité de l’expérience et de viabilité environnementale. À l’inverse, le tourisme durable favorise une approche du voyage plus personnalisée, plus respectueuse du lieu visité et de ses habitants, réparant ainsi le clivage touristes / locaux.
Toutefois, la création de ces itinérances douces risque de rester un vœu pieux si la proposition de valeur n’est pas enrichie. Le visiteur qui emprunte ces voies - cyclables, pédestres, fluviales, équestres - peut le faire de manière aussi automatique que s’il traversait un territoire en voiture. Or ces itinérances, en justifiant d’un temps plus long passé sur un territoire, sont l’occasion d’une découverte plus approfondie et d’une harmonisation des flux de visiteurs. Il s’agit donc de tirer profit de ce temps d’attention pour rendre l’expérience de visite mémorable : faire du parcours le moment d’une interprétation paysagère, d’une compréhension de l’histoire, de la transmission d’une mémoire, de la valorisation d’un savoir-faire...
Autant d’expériences qui auront le double avantage de rendre ces parcours plus attractifs et d’augmenter la satisfaction des visiteurs. Si la randonnée ou les loisirs de plein-air peuvent être la porte d’entrée d’un territoire pour certains visiteurs, l’animation des parcours permet d’attirer leur attention sur d’autres atouts, et donc de développer leur intérêt pour d’autres sites. À terme, des synergies positives se créent entre les points d’intérêt d’une destination. Enrichir les itinéraires d’un discours patrimonial, d’une dimension ludique ou d’un propos scientifique donne ainsi tout son sens et sa valeur aux mobilités douces. Il s’agit de connecter le visiteur au lieu qu’il traverse.